Léa et Stéphane Froidevaux [résilience en cuisine]
Léa et Stéphane Froidevaux sont installés à Grenoble avec leurs trois enfants, dans une grande et belle demeure dotée d’un ravissant jardin, à l’enseigne du Fantin Latour. Au pied de ses montagnes chéries, Stéphane part en cueillette sur les pentes alpestres, dès que possible. Il en rapporte de quoi concocter des plats qui lui ressemblent, généreux et ancrés dans un territoire. Entre une carte bistrot et une carte gastronomique, l’affaire tourne bien, dans une ambiance de travail rigoureuse mais bienveillante. Mais, pour en arriver là, ils ont dû traverser « de grosses tempêtes », comme le dit Léa. Ils se sont rencontrés et aimés dans une très grande maison, menée d’une poigne de fer par un immense chef, respecté et craint, à la fois professeur et gourou. Stéphane y a vécu l’emprise psychologique, jusqu’à l’empoignade physique, jusqu’au burn-out. Devenu son propre patron, il a un temps reproduit ce qu’il avait subi. Il s’est réveillé, a tout changé. Léa et lui s’en sont sortis, ensemble. En toute sincérité, ils se confient, sans fuir leurs responsabilités mais en étant capables aujourd’hui de décortiquer un fonctionnement brutal que rien ne justifie, ni l’exigence ni le stress inhérents à leur métier. Pour mieux comprendre ce qui s’est joué au long de ses années, Paul Bensussan, docteur en médecine, psychiatre et expert national en France, apporte un éclairage d’une acuité et d’une puissance bouleversantes. Même si des protagonistes de cette histoire se reconnaîtront sans doute, il n’y a dans ce témoignage aucune dénonciation, aucune mise en cause personnelle. Il a valeur d’exemple, tend à l’universel. Le thème de la « violence en cuisine » s’est invité dans le débat il y a quelques années, d’une manière dévoyée. Le monde du travail est violent, la restauration n’échappe pas à cette dérive. C’est un sujet sérieux qu’il ne faut pas traiter à la légère. Il faut donner des armes aux victimes pour qu’elles puissent se défendre, il faut aussi leur montrer qu’il est possible de se libérer, qu’une autre voie existe, sans abandonner leur passion. C’est l’objectif de ce document unique dont le titre dit tout : résilience en cuisine. Bruit de Table tient à remercier Léa et Stéphane Froidevaux pour leur courage et leur confiance, Paul Bensussan pour sa disponibilité et son expertise.
S.M.
Éditorial : Stéphane Méjanès
Image : Nathalie Bozzone
Montage : Afideis Production
© Bruit de Table 2017
Il n’y a pas de commentaire a faire a la suite de ces deux témoignages. Rire, pleureur, s’angoisser ? Seules les personnes qui sont du milieu peuvent comprendre. Qui peut empêcher un marin de partir en mer par mauvais temps exercer sa passion tout en sachant que le risque est immense ?
La seule question à se pauser est la suivante : Quelles structures d’enseignement ont réellement compris la problématique pendant toutes ces années; au point de laisser tous ces chefs exercer sans la moindre considération pour ces managements difficiles. L’éducation nationale ? surement pas. Espérons que la valorisation des métiers manuels soient enfin reconnus à juste titre. Bravo à tous ceux qui ont réussi et une pensée à ceux qui sont parti bien trop tôt.
Merci à bruit de table pour ces beaux reportage. !!!
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