lles sont là, invisibles et pourtant si présentes dans toutes les conversations. Elles les habitent voire les hantent, elles les transcendent intensément. Encore et encore. Quand ils parlent d’elles, leurs yeux s’allument, leurs mains se mettent en mouvement dans une infinie tendresse.

Tous unanimement se souviennent avec une émotion indicible, de leur première fois, celle où, en cuisine, elles leur ont tendu un couteau, un fouet, pour les emmener sur le chemin du goût et du plaisir.

Sans critique, sans jugement, elles ont, avec générosité mais exigence, accompagné les bons gestes et la découverte des saveurs, elles ont révélé des émotions propres à la confidence, au huis clos. La cuisine était, pour la plupart, leur royaume. Sur plusieurs générations, le seul endroit où elles faisaient la loi, où elles repoussaient les lignes et mettaient à mal la virilité environnante.

Ces reines en tablier avaient l’art de déceler le talent du petit dernier mal dégrossi, dont la sensibilité exacerbée laissait pourtant percevoir un talent naissant, une envie gourmande, pour ceux qui savent voir. Elles transmettaient un don et, pour ceux qui avaient la générosité de recevoir, elles cédaient un tour de main, une recette ancestrale, dans une communion qu’aucun confessionnal ne pourrait recevoir.

Ces femmes, ces grand-mères, ces mères, élevées au niveau du sacré dans l’inconscient culinaire, ont transmis l’amour en héritage, ce qu’aucune école au monde ne peut enseigner.

Laurence Boudou
Présidente de la SAS Bruit de Table
En charge des partenariats

Femmes de l’ombre

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